jeudi 27 août 2009

Quand je vous écrivais



Et septembre était en gris.

Vous ne répondiez plus à mes lettres, Madame.
Or je prenais bien soin de vous cacher ma flamme
Et de garder pour moi le secret de mon âme
Que votre indifférence en ce silence entame.

Quand je vous écrivais,

Je croyais sans raison que votre coeur épris
D'un autre, ne verrait cet amour incompris;
Je craignais votre haine autant que le mépris
Qu'inspire un sentiment dont je savais le prix.

Sous ma plume morose,

Vous aviez deviné mes larmes abîmées.
Personne ne guérit de n'être point aimé
Bien que le temps apaise une plaie refermée
Sur ce profond désir que l'on a réprimé.

Mon souvenir se brise.

Je vous revois encor dans ce jardin de roses,
Femme dans vos regards, coquette dans vos poses,
Entourée d'amoureux, d'amis, d'âmes écloses
Entre vos bras gracieux qui donnaient tant de choses;

Un peu comme à l'école.

Votre buste dressé toujours dans la maitrise
D'éviter les écueils, au piano assise;
Vous jouiez Debussy: cette suite précise
Où couraient des élans de tendresse indécise;

Vous aviez de l'humour.

A ce poète errant vous prenant pour idole,
Jurant fidélité en vers en paremboles,
Vous citiez du Rilke offrant comme une obole
Ces mots: "Ein Gott sermags. Wie aber, sag mir, soll"


Aujourd'hui, je voyage et je fais le détour
Vers vous que j'ai laissée une nuit à Hambourg
Vous promettant d'écrire une lettre par jour
Malgré la peste brune et le vol des vautours.


2 commentaires:

  1. ce très beau poème Emrys
    est un baume à mes chagrins
    et ce vers douloureux
    "Personne ne guérit de n'être point aimé"
    est la brèche où je m'infiltre
    pour me l'approproprier

    merci mon ami.

    RépondreSupprimer
  2. Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.

    RépondreSupprimer