samedi 25 avril 2009

La grande Ballade d'Abigaël




À toi, qui depuis toujours désirais
Changer le cours de tes nuits incomprises,
Chasser l'ennui de ces jours retirés
Sous le toit gris du berceau sans surprise,
Paris t'offrit: ses orgies, son emprise,
Sa tour Eiffel, sa fière citadelle,
Les baisers fous d'amoureux infidèles,
Les envolées sans valeur, les saisons
De paradis rêvées à tire-d'aile.
Abigaël a perdu la raison.

Revenais-tu au pays, libérée,
En étudiante aux leçons malapprises ?
Au 'Majestic' tes amis t'admiraient.
Rester au Puy ? ils t'auraient bien reprise,
Ces pieux parents au bord de la méprise,
Ne comprenant ton regard isabelle
Qui signifiait que tu vis en rebelle:
Blouson de cuir, cœur brisé, sans prison,
Jean déchiré sur tes jambes si belles.
Abigaël a perdu la raison.

À Saint Germain aux amours délivrées
Tu crucifiais tes nuits où s' électrisent
Tous les 'Je t'aime' inaudibles, givrés
De tes envies, quand le son magnétise
Le risque pris, la peur qui poétise
Tes vingt printemps, sans un vol d'hirondelles.
Abigaël, les pris-tu pour modèle
Lorsqu'en ton sang coula le noir poison ?
Lorsqu'au matin s'éteignit la chandelle ?
Abigaël a perdu la raison

Princes absents vous n'êtes pas fidèles
En cette église où la foule autour d'elle
Prie sans croire à leur insane oraison.
Là je dépose une fleur d'asphodèle,
Abigaël a perdu la raison.

2 commentaires:

  1. La voici cette ballade tant attendue...
    Je découvre enfin ce personnage qui m'a inspiré ma "Lady".Je devine sa silhouette, ses vêtements...Je l'avais croisée entre tes mots, déjà,mais elle restait pour moi un mystère.
    Ton "Abigaël" perd la raison, la mienne n'existe pas ou seulement dans mon imagination, temple secret dont tu es le seul à détenir les clés.
    La tienne possède un tréma, la mienne a-t-elle seulement le coeur qui bat?
    Je ne sais...
    Je te l'offre, elle ne m'appartient plus.

    Abigael
    A un amant,
    Corps virtuel
    En veston blanc
    Sourire de miel
    Au cœur de sang

    Pour mieux l’aimer
    Elle dort debout
    Sur un clavier
    A quatre sous

    Au bord d’un lit
    Jamais défait
    Elle est « Sissi »
    En son palais

    Sur l’oreiller
    Couleur lilas
    Gît le collier
    D’Esméralda

    Abigael
    A vingt printemps
    Mais tant d’hivers
    Au bout du temps
    Givrent son air
    A contretemps

    Il la voit nue
    Dans l’au-delà
    Son ingénue
    Aux yeux taffetas

    Son adagio
    De ballerine
    S’écoule en flots
    De crinoline

    Un musicien
    Joue en sourdine
    Sur un clavecin
    D’or et d’épines

    Abigael
    A, des sirènes,
    La fleur hindoue
    En mer indienne
    Qu’un vent secoue
    En son akène

    Son sari blanc
    Noyé d’étoiles
    Tire l’amant
    Entre ses voiles

    Dans le tunnel
    Au pont d’argent
    Une aquarelle
    Pleure en torrent

    Ses seins parfaits
    Ses dents d’opale
    Sont deux attraits
    Au chant du mâle

    Abigael
    A du chagrin
    Elle lui sourit
    Il ne voit rien
    Dans l’infini
    Rouge carmin

    Il dit l’aimer
    Mais il s’en va
    Se pavaner
    Dans d’autres bras

    Dans un arpège
    Un concerto
    Tombe la neige
    Sur un écho

    Son corps de sel
    En reste las
    Abigael
    N’existe pas !

    lotus

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  2. Emrys je retrouve avec bonheur la lecture de ce poème que j'adore...

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